samedi 8 mars 2014

Rencontre avec Douglas Harding


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Le contact avec Douglas Harding est immédiat, spontané et chaleureux. J'allai à lui comme on va à la rencontre d'un ami qu'on connaît depuis toujours,  je ne fus pas déçu. Les exercices qu'il préconise dans son livre « Vivre sans tête » sont d'une simplicité enfantine mais d'une portée incalculable.

Qu'est-ce qui me poussait à aller voir Douglas Harding ? Deux petits enfants qui ne parlent pas la même langue ne sont pas gênés le moins du monde pour jouer ensemble. Ils se comprennent dès le premier contact parce qu'ils ne sont pas handicapés par les intrusions du mental. Or les exercices de Douglas Harding demandent pour être "compris", tout comme les logia de l'Evangile selon Thomas, l'abandon du mental.

De cent façons diverses, et toujours avec des images extrêmement suggestives, Jésus nous invite à chercher la perle unique. Elle se révèle dans la perception directe ; personne ne peut donc se substituer à celui qui cherche : je ne peux identifier la perle que si j'arrive à faire abstraction de ma mémoire, de ma culture, de mes références, de mon patrimoine héréditaire; ni pensée, ni raison, ni imagination. Quelle ascèse ! Quelle pauvreté !

A l'encontre de tant de maîtres et de sages, qui sont riches des enseignements de leurs traditions, de leurs rites, de leurs cérémonies, de leurs mythes, de leur histoire qu'ils protègent respectueusement, du cérémonial qui les entoure aussi désuet que paralysant, bref, de tout ce qui les entrave au lieu de les libérer, Douglas Harding, nous apporte un enseignement basé sur la vision directe, sans référence au passé, souverainement libre à l'égard du mental. Qu'il effectue des exercices seuls ou avec d'autres, chacun est son propre maître.

On nous a traditionnellement présenté un Jésus inaccessible ; on s'est ingénié à creuser le fossé entre maître et disciple, et, pour cela, on n'a rien trouvé de mieux que de déclarer urbi et orbi qu'il était le Fils unique de Dieu. Or Jésus est justement venu nous enseigner le contraire : «Celui qui boit à ma bouche sera comme moi ; moi je serai lui. . .» (log. 108). Cette parole est la clef de l'Evangile selon Thomas, elle nous montre comment faire le deux Un. Les « passionnés de Thomas » peuvent aborder sans aucune crainte d'aliénation les exercices de Douglas Harding car ils constateront d'emblée, malgré les différences de terminologie, les merveilleuses correspondances entre les deux enseignements. Le fait qu'ils récusent l'un et l'autre le mental comme moyen de Connaissance supprime toute distance de temps et d'espace entre eux : 2 000 ans d'histoires sont abolis comme par enchantement.

Rien n'est plus contraire à la saisie directe que l'habitude. Les exercices de Vision sans tête ont le grand avantage de court-circuiter l'habitude et de nous permettre de lire les logia avec un oeil neuf; de vérifier si le mental a lâché prise et si nous sommes réellement installés dans le lieu de Vie. Peu importe que Douglas Harding appelle ce lieu le point zéro du temps et de l'espace, l'important est de vérifier expérimentalement si nous sommes établis. Divers exercices permettent de le constater avec une simplicité désarmante. Ils nous donnent les clefs de notre vraie Nature. Mais, de même que Jésus demande à ceux qui cherchent de ne pas cesser de chercher, l'auteur de « Vivre sans tête » nous dit que la vision de notre Vraie Nature n'est opérante que dans la mesure oh on la pratique. Et le champ d'expérimentation n'est pas limité à des exercices délimités. C'est peu à peu tout le monde de la manifestation qui s'offre à celui qui est établi comme le mouvement revient au repos : constatation qui est plénitude, celle qui faisait dire à Jésus : « Le Tout est sorti de moi et le Tout est parvenu à moi »

Une critique rationnelle, ne manquerait pas de trouver arbitraires nos rapprochements et nos comparaisons. Qu'il suffise de préciser que Douglas Harding n'a pas attendu de connaître les travaux de l'association Métanoia pour trouver dans les logia de l'Evangile selon Thomas un terrain privilégié d'expériences. Il a prévu toute une série d'exercices, de jeux et de tests qui jettent une nouvelle clarté sur les paroles et permettent du même coup une connaissance accrue de ce qui nous sommes réellement. En laissant tomber la mémoire, l'imagination et la croyance, on se sent devenir un tout petit enfant. On éprouve la joie immense de partager un trésor merveilleux : la perle unique. Elle est la même pour tous. Mais la trouver, ou plutôt la retrouver car elle constitue l'essence même de notre nature telle est la raison d'être de l'Evangile selon Thomas, telle est la raison d'être des exercices de Vivre sans tète.

Le besoin de redécouvrir des enseignements authentiques semble bien être un des soucis majeurs de notre temps. Des maîtres, qui se situent dans la ligne de la métaphysique traditionnelle, sont à même de nous dire ce que nous sommes réellement. Seulement, il ne suffit pas de pouvoir le dire ; il ne suffit pas de montrer un but lointain accessible à de rarissimes privilégiés. La carotte fait avancer l'âne comme les belles théories font marcher les idéalistes. Nous voulons vivre tout de suite, ici et maintenant, quitte à renverser des millénaires de tradition, en supprimant le sacro-saint respect qui crée le fossé entre enseignant et enseigné. Jésus n'est pas venu nous apprendre autre chose, néanmoins l'idéologie des prophètes du devenir fut plus forte. Aujourd'hui, tout est à nouveau possible avec des chances accrues. Mais la chance par excellence réside dans la convergence de deux recherches qui n'en font déjà plus qu'une, car elles conduisent à la même source bouillonnante ceux qui ont l'esprit d'enfance et peuvent dire avec la simplicité qui caractérise toute démarche essentielle :  JE SUIS.

Emile Gillabert in Cahier Metanoia n° 16 1978



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3 commentaires:

gjmtenba a dit…

merci, sauf que c'est difficile à lire avec mon vieux Mac de 2008, qui joue à Mac'Panne facilement.

orange sur fond jaune...

Anonyme a dit…

Je reçois ce texte, et je reçois identiquement celui d'Arnaud concernant les voies traditionnelles, car elles m'apportent l'une et l'autre.
Reconnaissance à Alain pour ce texte...
J-P gepetto

Thiabaud Jean-Marc a dit…

Salut Alain,

Un grand merci pour ce texte, que je vais bien sûr mettre sur http://volte-espace.fr/ avec quelques commentaires.

Tu sais déjà que j'ai programmé un atelier Vision du Soi & Évangile de Thomas fin octobre au Domaine du Taillé :
http://volte-espace.fr/vision-du-soi-evangile-de-thomas-quelques-precisions/

Comme un lointain écho à ces deux ateliers co-organisés par Émile Gillabert et Douglas à Marsanne en 1978 et 1979.
J'espère que suffisamment d' "enfants" viendront participer à ces "jeux du Royaume" ...
Amitiés à tous