mercredi 7 septembre 2011

Se quitter soi-même

.


Le monde dit : « Je voudrais tellement vivre la piété et la ferveur que d’autres semblent vivre, être en paix avec Dieu comme d’autres le sont, être véritablement pauvre. » Ou encore : « Quoi que je fasse et où que je sois, je ne suis jamais satisfait. Je voudrais tant être loin de chez moi, sans affaires, dans un monastère ou un lieu reculé. »

En vérité, tout cela n’est autre que toi, ta volonté propre que tu suis constamment sans même t’en rendre compte. Que tu l’admettes ou non, jamais un mécontentement ne surgit en toi qui ne soit ta création.

Entendons-nous bien : fuir ceci, aller vers cela, éviter ces gens, rechercher manière ou occupation n’est que ton agitation. La cause de tes difficultés n’est pas dans les choses, c’est toi-même dans les choses. C’est pourquoi regarde-toi d’abord et quitte-toi. En vérité, tant que tu ne te libères pas de ton vouloir, tu auras beau fuir, tu retrouveras partout obstacles et inquiétudes.

Chercher quoi que ce soit dans les choses extérieures, la paix, un lieu de retraite, la société des hommes, telle façon d’agir, les nobles œuvres, l’exil, la pauvreté ou l’abandon de tout, quelle qu’en soit la grandeur tout cela n’est rien, ne compte pour rien, ne donne rien — surtout pas la paix. Pareille quête ne mène nulle part : plus on cherche ainsi, moins on trouve. Ayant pris un chemin faux, on ne fait que s’éloigner davantage chaque jour.

Que faut-il donc faire ? D’abord, s’abandonner soi-même et, de la sorte, abandonner toute chose. En vérité, celui qui renonce à un royaume, au monde même, en se gardant soi-même, ne renonce à rien. Mais l’homme qui se renonce lui-même, quoi qu’il garde, richesse, honneur ou quoi que ce soit, a renoncé à tout. (…)

Regarde et, là où tu te trouves, renonce-toi. Voilà le plus haut.

Sache que jamais personne ne s’est assez quitté qu’il ne trouve à se quitter davantage. Commence donc par là, meurs à la tâche : c’est là que tu trouveras la paix véritable, et nulle part ailleurs.

Quelques paroles que le vicaire de Thuringe, prieur d’Erfurt, frère Eckhart, de l’ordre des Prêcheurs, adressa à ses fils spirituels qui lui posaient toutes sortes de questions lorsqu’ils étaient rassemblés pour la collation du soir.

Merci Jean-Pierre........


.

12 commentaires:

Marie-charlotte Bouton a dit…

ce sont les paroles que j'avais exactement envie d'entendre, ce soir... Pourquoi me parlent elles si fort?
Sûrement, parce que tout alors devient très simple...
Je voudrais les communiquer à d'autres !
Merci Jean Pierre !

yannick a dit…

Tout est dit.

Thomas M. a dit…

Ça c'est du full HD! MERCI

Anonyme a dit…

Se débarrasser de "moi, je…", quel boulot,
mais quelle passionnante Aventure sacrée !
Oui, MERCI Jean-Pierre, pour ce "puissant" Rappel
sur le Chemin vers l'Amour inconditionnel.

A-R

Anonyme a dit…

Il me plait bien ce passage : "Mais l’homme qui se renonce lui-même, quoi qu’il garde, richesse, honneur ou quoi que ce soit, a renoncé à tout. (…)"
Merci à vous ;-)
Fabrice

Anonyme a dit…

cà, c'est fort et magnifique.

Anonyme a dit…

C'est très beau !
S'incliner humblement et disparaître,
Une perle, Merci beaucoup,
Marie-p

albertino pane e vino a dit…

Oui d'accord (comme dirai mon beauf préféré qui n'est jamais d'accord avec rien), mais le paradoxe veut que pour se quitter, y faut pas se quitter des yeux, il faut se suivre de près. Très près!

Berit a dit…

merci,tres beau texte.
"En verite,tant que tu ne te liberes pas de ton vouloir,tu auras beau fuir,tu retrouveras partout obstacles et inquietudes.",
me parle beaucoup,car je me suis un peu trop perdue dans le vouloir.

Thelma a dit…

Quelle différence entre cela et la résignation?

j-p gepetto a dit…

Ce qui me touche profondément, c'est que cet abandon de soi est impossible à "Faire"...
J-P Gepetto

Anonyme a dit…

Je pense plus que ce texte a a voir avec l'acceptation que la résignation, car l'acceptation n'empêche pas d'agir, la résignation si. Le texte m'a beaucoup plus mais il ma heurté également a un niveau c'est que pour moi cela ressemble plus a une mutilation de l'égo alors que pour se quitté soi-même il faut d'abord s'aimer profondément soi-même. Je crois qu'il est possible de "faire" cet abandon de soi mais pour cela il faut déja une lucidité de son propre mental de ses projections et de son moi, et ensuite il suffit d'avoir l'intention de vivre son égo... et c'est ce qui m'est arrivé recemment sans que je le cherche, je marchais et je voyais la peur le besoin d'etre aimé et autres sensations apparaitres et a un moment je me suis simplement dit (mais ça c'est fait tout seul) tiens et si je vivais sans ego .. ! et la quasi instantanément le "je" a disparu pour faire place a un autre "je" plus profond... donc c'est totalement possible de se quitter soi même encore faut il se suivre de très près c'est certain car j'étais bien présent quand cela c'est produit...mais il y a un piège c'est celui de vouloir reproduire une tel expérience et pour ma part je préfère laisser faire la vie car elle sait beaucoup mieux que moi comment s'y prendre pour me révéler l'être véritable que je suis et que nous sommes. Ce que je dit c'est juste pour faire part de mon vécu mais en aucun cas pour conseiller une pratique !! je suis pas qualifiés pour ça !! Quand on se quitte c'est merveilleux car finalement on se retrouve.