mardi 15 janvier 2008

Témoignage de Didier


L’inde c’était l’inconnu.
D’aucuns m’en parlaient comme on parle d’un rêve perdu. Beaucoup m’avaient dit le choc, la misère, la complexité, la trépidation, le dérangement et l’impression d’y être mais de ne pas en être.
C’était, grâce à Alain, Corinne, André et Gwenn, l’occasion de baigner pendant quelques jours dans une expérience longtemps espérée et imaginée comme inaccessible.
C’était sans attente, une intention de disponibilité et d’ouverture.
C’était aussi l’occasion d’un répit dans l’accompagnement quotidien depuis 7 ans de mon père qui touche à la fin de sa vie.
Et j’ai découvert un joyeux bordel.
Oui, je ne trouve pas d’autre mot pour ce qui n’est pas un chaos puisque j’y ressens la plénitude ; non plus un capharnaüm puisque sous le déversement incessant des couleurs et des gestes, l’harmonie et la douceur sont installées; sous le déversement incessant des sons, j’y trouve la puissance du silence et à l’illusion de l’isolement répond en fait la sangha, par le groupe mais au delà, jusqu’au simple croisement des regards de rencontre.

Non vraiment j’ai découvert en Inde le joyeux bordel de la Vie, le patchwork manifesté de l’imprévisible.
Et au centre de ces instants, la mort de mon père, en France.

Disponible ? Et bien voilà, vis-le, à ta mesure, semblaient me raconter les évènements.

Que dire de son départ le jour de Noël ; de cette annonce dans les jardins de l’ashram de Ramana Maharshi, pendant qu’y partait en même temps l’un de ses derniers disciples célébrant à sa manière le jour de naissance du Maharshi.
Que dire des paroles partagées les jours suivants et de la petite cérémonie d’enterrement pour son départ, dans ce même jardin à la nuit tombée, par notre sangha de passage, alors que quelques heures plus tôt, je l’apprenais plus tard, s’y déroulait aussi l’enterrement du disciple de Ramana.

Que dire de ce mystère et de ce jardin ?
Depuis longtemps, je délaisse la compréhension pour essayer de vivre avec le cœur.
Je ne cherche pas à comprendre l’Inde et je constate que je vis Arunachala « the Holy Hill » La joie est apparue ; joie devant la beauté du Mystère malgré le voile passager des émotions de la perte, joie toujours présente aujourd’hui en France qui balaie la mine d’enterrement que me demande la « good society »

2007 aura commencé en janvier par le départ de Douglas et ce sera terminé en décembre par celui de mon père Albert lors de mon passage à l’ashram de Ramana Maharshi.
Adieu mes pères.
Le joyeux bordel est là, bien vivant.




« En Inde, on dit que l’ultime cadeau du Maître à ses élèves, c’est de disparaître.
Alors vous pourrez vivre sereinement le deuil de ce qui a été, pour vous établir dans ce qui est, ou plutôt dans ce que vous êtes vraiment, vraiment, vraiment.

La vie est changement, ne restons pas accrochés à des morceaux de mémoire.
Ce sont d’autres chantiers qui nous attendent.
Plus dans le cœur, moins dans la pierre.
C’est le vieil homme qui s’accroche, lâchons prise »
Alain – « Conclusions d’Ardenne » – 1996


En Inde, on dit que l’ultime cadeau du Maître à ses élèves, c’est de disparaître.


15 commentaires:

Arnaud.L a dit…

trés beau témoignage...

Anonyme a dit…

Merci, Didier

Anonyme a dit…

MERCI

laurence a dit…

Un immense merci Didier, je suis très touchée par ton témoignage comme je l'ai été durant la cérémonie pour ton papa Albert, je considère comme un cadeau d'avoir été avec vous ce jour-là... Vivre la disparition d'un être cher ouvre de nouveaux horizons et je suis donc très proche de ce que tu évoques. Se laisser emporter dans le mystère et l'inconnu avec le coeur grand ouvert... Je t'embrasse, ami...

philippe a dit…

Merci Didier,je sais bien que mes parents ne st pas éternels non plus.

Anonyme a dit…

Total respect Didier
Clo.

Anonyme a dit…

Quel privilège, Didier, d'avoir pu traverser un peu le Joyeux Bordel en la compagnie de tes mots derrière lesquels rayonne ton coeur.
Merci !
Isabelle

Anonyme a dit…

Merci pour ce partage, après ce long accompagnement ; le Tout s'est accompli le jour de Noel , nouvelle naissance dans ces lieux sacrés. amitiés .François

Julie a dit…

Ton coeur nous offre de belles paroles. Merci Didier.

Julie a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Acouphene a dit…

merci de ton partage Didier !

Anonyme a dit…

ça me plaît "Joyeux Bordel", où est l'Etre la Joie peut fleurir.
Touchantes aussi les photos, surtout celle de Douglas et Catherine...
J-P bordelo-petto

Anonyme a dit…

Merci pour ton temoignage, Didier... De tout coeur avec toi.

Anonyme a dit…

Didier, cher frère de chambrée, ton témoignage me va droit au coeur.
Tous ces instants passés ensemble, en Inde, toutes ces confidences, toute cette fraternité.

Vis désormais joyeusement, mon ami !!!

steph 05

Anonyme a dit…

Mon cher Didier, merci de me permettre de revivre ces moments forts, vécus simplement à Tiru par nous tous... Merci à la Vie de nous avoir fait ce cadeau... A bientôt, bien sûr, sur le chemin...