Dans les années soixante-dix, lorsque je partais régulièrement l’été par charter, en Inde, les escales techniques en Égypte ou dans les différents émirats du Golfe m’ont permis de réaliser un aspect fondamental de la vie et donc de la voie. Mais, il m’a fallu bien du temps pour passer de la compréhension à l’expérience et à la pratique au quotidien. En observant les Arabes qui attendaient l’arrivée d’un avion, je fus frappé par l’importance de leur ventre. Je ne veux pas dire que je trouvais tous ces gens obèses, non pas du tout. J’étais attiré et plutôt envieux. Ce qui m’est venu à l’esprit, c’est : « Ces ventres-là sont heureux ». Je n’étais pas loin de penser que le bonheur de ces ventres, ne pouvait que rejaillir avec grand bénéfice sur l’état intérieur de leurs « propriétaires ». Et de toute évidence, ces ventres étaient heureux parce que libres, sans contraintes extérieures ou intérieures. C’est-à-dire sans contraintes vestimentaires, culturelles, sociales, psychologiques.
Nous portons dans notre corps le sceau de notre culture, et nous incarnons actuellement le symbole douloureux du niveau d’être de notre société moderne. L’ensemble de notre corps d’homme et de femme moderne est soumis à une tension généralisée, une rétraction dont nous essayerons plus loin de situer l’origine, mais c’est particulièrement au niveau du ventre que le constat est dramatique. Ce qui caractérise le mieux notre époque c’est la rétraction du ventre, la négation du ventre. Savez-vous quel est le type de vêtement unisexe le plus répandu dans le monde ? et oui, bien sûr : le pantalon « jean », blue or not blue peu importe. C’est-à-dire un vêtement qui limite, qui serre, qui enferme, qui contrôle. Nous avons perdu notre ventre au fur et à mesure que notre société perdait ses racines. Autant dire que cela a commencé bien avant le début de la fabrication au Etats-Unis des fameux pantalons en toile bleue.
Il est tout à fait remarquable de noter que dans la plupart des sociétés traditionnelles dont des vestiges vivants subsistent ici où là dans le monde, l’art vestimentaire est dominé par le respect du corps et la fonctionnalité mais ces deux éléments sont totalement liés. Dans les sociétés traditionnelles, le vêtement protège le corps bien sûr et permet d’exercer l’activité nécessaire, mais il respecte le ventre dans son volume et dans son nécessaire épanouissement : voyez l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie ce sont des pays où nous pouvons encore trouver des ventres heureux. En Europe, il est question quelquefois du ventre Roman dans la peinture et la sculpture. Le ventre Roman c’est le ventre affirmé, le ventre centre de gravité, le ventre centre vital de l’individu. Après cette période, le ventre en Europe à disparu en peinture ou sculpture. Le ventre devient plat et les organes génitaux sont mis en évidence chez l’homme. C’est un parfait lieu commun de dire maintenant qu’un ventre affirmé, détendu, épanoui, n’est plus socialement correct.
Les modèles physiques qui nous sont proposés impliquent le gommage du ventre, c’est le rêve du ventre plat chez la femme, quand ce n’est pas du ventre rentré, rétracté et du ventre hyper musclé chez l’homme, la fameuse tablette de chocolat. Le mannequin plus ou moins anorexique et le culturiste à la taille ultra mince sont les images qui pour beaucoup d’entre nous façonnent notre manière d’être en relation avec notre ventre. Il nous faut souvent beaucoup de temps pour réaliser à quel point nous sommes mentalement prisonniers, dans notre relation au corps, des images sociales et culturelles. Le ventre en majesté n’a pas sa place dans notre société moderne, à moins que vous soyez un petit enfant ou une femme enceinte.
Entre la nécessité de l’enracinement et la tyrannie de l’apparence, entre l’Etre et le paraître, notre société a tranché, nous devons vivre sans ventre, coupé de nos racines et de nos possibilités de stabilité. Regardons autour de nous, il existe encore quelques ventres épanouis et heureux, mais ils se font de plus en plus rares. Pour beaucoup de personnes dont j’ai fait partie, un homme ou une femme au ventre affirmé, proéminent , c’est un être humain déchu, quelqu’un qui a sombré dans le laisser-aller, l’absence de contrôle de ses appétits, c’est vulgaire, laid, honteux. Et pourtant nous savons bien qu’il a existé et qu’il existe encore de sociétés ou la déchéance, le laid et le honteux, c’est un corps crispé, déformé dans la rétraction, dénaturés. Bien sûr nous pouvons trouver de plus en plus de gros ventres en occident, mais ce sont des ventres d’obèses.
Les Etats-Unis sont très en avance à cet égard avec la génération pop-corn sucré, Coca-Cola, beurre de cacahuète et glaces en tout genre. Mais ce n’est pas de cela dont il est question, ne faites pas l’erreur de confondre un ventre détendu, relâché avec un ventre mou, gras et difforme, ni d’ailleurs l’erreur inverse qui consisterait à confondre un ventre dure, contracté avec un ventre tonique : un ventre doit être tonique et épanoui parce que relâché, ni mou ni tendu, ni difforme.
Nous portons dans notre corps le sceau de notre culture, et nous incarnons actuellement le symbole douloureux du niveau d’être de notre société moderne. L’ensemble de notre corps d’homme et de femme moderne est soumis à une tension généralisée, une rétraction dont nous essayerons plus loin de situer l’origine, mais c’est particulièrement au niveau du ventre que le constat est dramatique. Ce qui caractérise le mieux notre époque c’est la rétraction du ventre, la négation du ventre. Savez-vous quel est le type de vêtement unisexe le plus répandu dans le monde ? et oui, bien sûr : le pantalon « jean », blue or not blue peu importe. C’est-à-dire un vêtement qui limite, qui serre, qui enferme, qui contrôle. Nous avons perdu notre ventre au fur et à mesure que notre société perdait ses racines. Autant dire que cela a commencé bien avant le début de la fabrication au Etats-Unis des fameux pantalons en toile bleue.
Il est tout à fait remarquable de noter que dans la plupart des sociétés traditionnelles dont des vestiges vivants subsistent ici où là dans le monde, l’art vestimentaire est dominé par le respect du corps et la fonctionnalité mais ces deux éléments sont totalement liés. Dans les sociétés traditionnelles, le vêtement protège le corps bien sûr et permet d’exercer l’activité nécessaire, mais il respecte le ventre dans son volume et dans son nécessaire épanouissement : voyez l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie ce sont des pays où nous pouvons encore trouver des ventres heureux. En Europe, il est question quelquefois du ventre Roman dans la peinture et la sculpture. Le ventre Roman c’est le ventre affirmé, le ventre centre de gravité, le ventre centre vital de l’individu. Après cette période, le ventre en Europe à disparu en peinture ou sculpture. Le ventre devient plat et les organes génitaux sont mis en évidence chez l’homme. C’est un parfait lieu commun de dire maintenant qu’un ventre affirmé, détendu, épanoui, n’est plus socialement correct.
Les modèles physiques qui nous sont proposés impliquent le gommage du ventre, c’est le rêve du ventre plat chez la femme, quand ce n’est pas du ventre rentré, rétracté et du ventre hyper musclé chez l’homme, la fameuse tablette de chocolat. Le mannequin plus ou moins anorexique et le culturiste à la taille ultra mince sont les images qui pour beaucoup d’entre nous façonnent notre manière d’être en relation avec notre ventre. Il nous faut souvent beaucoup de temps pour réaliser à quel point nous sommes mentalement prisonniers, dans notre relation au corps, des images sociales et culturelles. Le ventre en majesté n’a pas sa place dans notre société moderne, à moins que vous soyez un petit enfant ou une femme enceinte.
Entre la nécessité de l’enracinement et la tyrannie de l’apparence, entre l’Etre et le paraître, notre société a tranché, nous devons vivre sans ventre, coupé de nos racines et de nos possibilités de stabilité. Regardons autour de nous, il existe encore quelques ventres épanouis et heureux, mais ils se font de plus en plus rares. Pour beaucoup de personnes dont j’ai fait partie, un homme ou une femme au ventre affirmé, proéminent , c’est un être humain déchu, quelqu’un qui a sombré dans le laisser-aller, l’absence de contrôle de ses appétits, c’est vulgaire, laid, honteux. Et pourtant nous savons bien qu’il a existé et qu’il existe encore de sociétés ou la déchéance, le laid et le honteux, c’est un corps crispé, déformé dans la rétraction, dénaturés. Bien sûr nous pouvons trouver de plus en plus de gros ventres en occident, mais ce sont des ventres d’obèses.
Les Etats-Unis sont très en avance à cet égard avec la génération pop-corn sucré, Coca-Cola, beurre de cacahuète et glaces en tout genre. Mais ce n’est pas de cela dont il est question, ne faites pas l’erreur de confondre un ventre détendu, relâché avec un ventre mou, gras et difforme, ni d’ailleurs l’erreur inverse qui consisterait à confondre un ventre dure, contracté avec un ventre tonique : un ventre doit être tonique et épanoui parce que relâché, ni mou ni tendu, ni difforme.
(à suivre)
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9 commentaires:
Merci Alain pour ce texte et ce constat au combien vrai. Je le vois dans mes séances de shiatsu, les problèmes de ventre (de toutes sortes mais presque tous liés au stress) sont hyper fréquents.
D'autre part j'avais remarqué que moi-même, pour pratiquer le shiatsu, j'apprécie particulièrement le pantalon thai que je mets pour sa largeur et souplesse. En été d'ailleurs je mets presque que ça tellement je suis à l'aise...!
Fondamental à mon avis ! Je fais pas mal de voiture et je détend depuis quelques mois systématiquement la ceinture : un relachement général s'ensuit rapidement. Un ventre heureux ca donne envie, j'aime bien l'expression. Bon j'ose pas encore le faire au travail mais je serre juste ce qu'il faut.
Merci Alain
Karl
Ah, un texte qui a du coffre, j'y puise aussitôt ma part de trésor.
J-P ventro-petto
Je sais bien qu'il convient de ne plus parler de lui sur ce blog, néanmoins c'est une chose qui m'a le plus frappé face à A...
"hum hum", c'est son ventre: vivant, mouvant et présent.
jmarc
Alors,vive la salopette!
Je partage ton observation JMarc
Le jean à taille basse: tu sort,tu rentres ton ventre
:a la maison, tu relaches et tu respire.
Toile de jean=toile de Gènes
denim= de Nimes
Avoir du ventre est signe que l'on mange a sa faim, que la vie est généreuse! Alors Merci la Vie!
Isabelle
Sujet bien délicat.
Vivement la suite iPpapy.
Ventripotent ?
L'armée m'a dit : Garde à vous ! Rentrez le ventre !
Le prof. de yoga m'a dit : inspirez d'abord par le ventre, desserrez votre ceinture.(Plus de ceinture en cuir).
Le médecin m'a dit : attention au syndrome X !
Il est clair que le ventre est le lieu des noeuds, ventre-bleu !
Le magasin de vêtements, hier, m'a dit : désolé, je n'ai pas de jean qui vous convienne...
gjm
tout au debut,il me semble,les jean etaient faites avec de la toile de l'armee americaine.Et maintenant toute une societe est en uniform,bien serres comme les soldats.Pour quoi faire? Obeir aux ordres?
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