samedi 7 février 2009

Message de vie du couloir de la mort




« Je te mets en garde, lecteur ! Le choc de ce texte est imparable, l’ébranlement qu’il cause profond et durable. Dans une cellule de 2m sur 3 où la lumière coule par une meurtrière ( !) large comme la main, Roger, Noir américain incarcéré pour meurtre, condamné à mort et innocent, nous enseigne la liberté. »
Christiane Singer
Préface du livre
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Tout est dit ou presque pour présenter ce livre qui est un recueil de lettres envoyées par Roger Mac Gowen à Pierre Pradervand, son correspondant et ami. En 2003 Roger était emprisonné depuis 16 ans dans le couloir de la mort au Texas. Apparemment, il y est encore...




« Ils ont détruit une grande partie de mes affaires personnelles. Ils mettent ma cellule sans dessus dessous deux fois par jour. Ils l’ont fait le 23 décembre, le jour de mon anniversaire, et sont revenus dans la même nuit. Le 31 décembre ils ont fait un travail de saccage vraiment minutieux. Depuis le 2 janvier nous sommes de nouveau en lockdown (1). Entre cette date et le 14 janvier, ils ont détruit ou, je devrai plutôt dire, jeté dans tous les sens, le peu qui me restait – au moins six à sept fois.

Ils nous ont fait faire notre exercice dehors par des températures de moins 5-6 degrés [centigrades], parfois sous la pluie. J’étais fâché, extrêmement fâché , d’être traité de cette façon. J’étais si fâché que j’ai cessé de parler à qui que ce soit. Je ne répondais même pas aux gardiens. Je sortais de ma cellule, en attendant qu’ils aient fait leur « nettoyage », puis je rentrais dans ma cellule, m’asseyant au milieu du désordre.

C’est alors que j’ai reçu [un nouveau chapitre de ton livre] « Le simple art de bénir » (2). J’ai commencé à lire et mon fardeau a commencé à s’alléger. J’ai fermé les yeux et j’ai dit à Dieu que je ne savais pas quelle leçon je devais apprendre, mais je savais qu’Il ne permettrait pas que je subisse ceci sans raison. J’ai commencé à bénir les gardiens, spécialement ceux qui venaient de saccager mes affaires. J’ai alors réalisé que Dieu me montrait le calme au milieu de la tempête et que l’amour est tellement facile. Comme l’avocat polonais qui décide de ne pas haïr les Nazis après le massacre de sa famille sous ses yeux, ils ne peuvent m’obliger à me courber devant la haine.

Je continuerai à les bénir quelles que soient les choses qu’ils détruisent [parmi mes affaires], car ils ne peuvent détruire ni l’amour que je leur porte comme enfants de Dieu, ni mes bénédictions. Je dois leur pardonner mille fois pour le mal qu’ils font. Je ne sera pas une victime.
Nos bénédictions pour les autres sont des bénédictions pour nous-mêmes. Dieu n’oublie jamais. Quand nous bénissons les autres, nous nous bénissons nous-mêmes, l’esprit,le corps et le soi. »

Roger Mac Gowen
Message de vie du couloir de la mort
Ed Jouvence p 123-124

(1) période de « punition » où les conditions de détentions sont encore plus dures.
(2) Titre en Français : « vivre sa spiritualité au quotidien » Pierre Pradervand Ed Jouvence 1998