Le week-end dernier a eu lieu la rencontre de préparation du voyage en Inde de janvier prochain. Une belle rencontre qui nous a permis de nous connaître mieux et de clarifier notre intention pour ce séjour.
Et pour prolonger ce qui s'est échangé au cours de deux jours, voici une histoire que raconte Yongey Mingyur Rinpotché dans son dernier livre Le bonheur de la sagesse.
Instants de Bouddha
« La plupart d’entre nous ne reconnaissent pas leur nature de bouddha tant qu’on ne la leur a pas montrée.
Récemment on m’a raconté l’histoire d’un Indien à qui on avait offert une montre de prix. Comme il n’avait pas la moindre idée de ce que c’est qu’une montre ni à quoi cela peut servir, il ne la voyait pas autrement qu’un joli bracelet. Il n’aurait jamais imaginé que c’était un instrument qui donnât l’heure. En conséquence il arrivait toujours en retard à son travail ; on finit par la renvoyer ; il perdit sa maison. Il prit plusieurs rendez-vous avec plusieurs employeurs, mais il arrivait toujours trop tard ou trop tôt pour les entretiens. Il était si frustré qu’il finit par arrêter quelqu’un dans la rue pour lui demander l’heure qu’il était.
L’homme le regarda, l’air surpris.
« Vous avez une montre, dit-il. Elle vous dira l’heure.
- Une montre ? répliqua notre homme. Qu'est-ce que c’est ?
- Vous plaisantez, non ? dit l’inconnu en désignant la chose que le gars portait à son poignet
- Non, pas du tout. Ça, c’est un joli bijou qu’un ami m’a offert. En quoi cela pourrait-il me donner l’heure ? »
Alors faisant preuve d’une bonne dose de patience, l’inconnu lui apprit à déchiffrer les aiguilles des heures et des minutes, et même à suivre l’aiguille plus rapide qui indiquait les secondes.
« Incroyable ! s’exclama le bonhomme. Êtes-vous en train de me dire que j’ai toujours eu quelque chose qui me disait l’heure sans que je le sache ?
- Ce n’est pas ma faute, dit l’étranger. Je ne sais pas qui vous l’a offerte, mais il aurait pu vous l’expliquer. »
Un instant passa puis notre homme répondit d’une voix sourde et gênée : « Eh bien, disons que lui non plus ne savait pas de quoi il s’agissait.
- Quoi qu’il en soit, reprit l’étranger, il vous a fait un cadeau dont vous ne saviez pas vous servir. Maintenant, au moins, vous le savez. »
Sur ce il disparut dans le tourbillon des piétons, des mendiants, des voitures et des rickshaws qui se pressent dans les rues bondées en Inde.
Qui sait si cet individu était un bouddha ou juste n’importe quel inconnu rencontré au hasard qui, toutefois, connaissait la différence entre une montre et un bracelet. N’empêche que notre homme sut alors se servir de sa montre : il arriva à l’heure à ses rendez-vous, finit par trouver un bon travail et rétablit sa vie.
Pour moi, la leçon de cette histoire, c’est que nous avons des capacités que souvent, nous ne reconnaissons pas tant qu’on ne nous les a pas montrées. Ces rappels sont ce que j’aime appeler des « instants de bouddha » - des occasions de se réveiller, pour ainsi dire, de la conscience conditionnée.
J'ai connu un de ces instants de bouddha lors de ma première tournée d'enseignement en Californie, quand on me recommanda chaudement de nager pour faire de l'exercice. Je n'y tenais pas particulièrement, mais mes hôtes avaient déjà pris rendez-vous dans un club de natation doté d'une piscine olympique. Je sautai dans l'eau, et ce fut immédiatement un franc succès - pour ce qui était de nager sous l'eau : en d'autres termes, je coulai comme une pierre. J'essayai un moment d'avancer sous l'eau, mais je ne tins pas plus d'une minute. J'avais les bras et les jambes fatigués, et je ne pouvais pas retenir mon souffle. "Okay, me dis-je, tu es trop braqué sur l'idée d'accomplir un exploit." laissant mes muscles se détendre complètement, je refis naturellement surface pour réussir de plus belle à ...couler.
Un souvenir me revint alors : quand j'étais petit, je nageais dans un petit étang près de la maison. Il n'était pas très profond, et on n'aurait pas pu qualifier mon style d'élégant - vous savez, la nage du petit chien...
Les gens qui m'avaient amené à la piscine n'en revenaient pas. "Pendant une minute, vous couliez, disaient-ils, et la minute d'après, vous nagiez. Comment avez-vous fait ?
- Je me suis rappelé, dis-je. pendant un instant, j'ai été troublé par la taille de la piscine. Puis je me suis rappelé que je savais nager."
Cette expérience a quelque chose - à une moindre échelle peut-être - du souvenir du pouvoir et du potentiel de la nature de bouddha. Tout au fond de nous gît la capacité d'avoir une sagesse, une puissance et une compassion illimitées. Nous avons tendance à ne pas nous rappeler cette capacité jusqu'à ce qu'on nous plonge dans une situation du genre "nager ou couler". »
Yongey Mingyur Rinpotché
Bonheur de la sagesse
Ed LLL les liens qui libèrent p113-114
1 commentaire:
- "Tout au fond de nous gît la capacité d'avoir une sagesse, une puissance et une compassion illimitées."
et la situation peu reveler cela .
Justement je ne me sens pas dans des situations ou une sagesse et une compassion sont attendues,en tout cas pas consciemment .
Consciemment ,l'acceptation ambiante du "bon-sens" serait plutot limité ,
il est juste possible d'etre attentionné ,cela ne va guère plus loin.
- Comme aller en Inde avec vous serait bon !
En Europe les maitres montrent ce que les personnes alentours sont capables d'accepter sans qu'une souffrance quelconque se déclenche en eux à la vue de ...
(big mental , égo enorme = gènes ,suspissions déclanchées vite fait)
donc leurs félicités est discrete , ils "cachent" les beautés qui naissent en eux.
En Inde , les sages peuvent etre bien plus rayonnant ,en samadhi ouvertement ,cela ne "nuira "pas aux alentours, il y a acceptation.
J'aurais besoin de voir des maitres dans ce contexte là .
Cela me ferais du bien .
Bien sur , des écrits de ce style sont souvant jugés hérétiques lorsque mal comprit,
ce n'est pas grave
et me fais une joie d'expliquer plus en profondeur lorsqu'une personne me le demande .
Bonne neige a tous .
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