Dés que leurs visages furent tournés vers le dehors, les hommes devinrent incapables de se voir eux-mêmes, et c'est notre plus grande infirmité. Ne pouvant nous voir, nous nous imaginons. Et chacun, se rêvant soi-même et rêvant les autres, reste seul derrière son visage, (...) Or, il y a sûrement une possibilité pour l'homme de réapprendre à se voir, de se refaire un oeil intérieur. (...) Si nous avons peur de nous voir, c'est bien parce qu'alors nous ne verrions pas grand-chose ; notre fantôme a peur d'être démasqué. C'est par peur de cette horrible révélation que nous nous grimons et que nous grimaçons. Et notre tête, modeleuse de masques et conteuse d'histoires au lieu de nous guider vers la vérité, est devenue notre machine à nous mentir.
René Daumal L'envers de la tête, dans : Jean Bies, René Daumal Paris collection Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 1967, pp. 143-144
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mercredi 23 mars 2011
Notre grande peur
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3 commentaires:
Excellent. Merci. Bon petit rappel pour faire un demi-tour à 180° ce matin...
merci,texte superb.
J'aime bien:"revant soi-meme et revant les autres".
René Daumal, un prophète.
Fascination pour ce qui est devant et peur pour ce qui est derrière car nous savons que derrière il y a un un mystère qui nous dépasse.
Je reviens d'une " cérémonie " dans un crématorium, une maman amie dont le fils s'est suicidé vient elle aussi de mettre fin à ses jours.
gjm
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