lundi 4 août 2008

Méditation à En calcat



La méditation du matin, c’est sous une autre forme ce que font les moines aux laudes. Avant de , au lieu de foncer tête baissée, tête emballée et pensante, dans la journée, se situer d’une manière juste par rapport à cette journée qui commence. Dans la méditation, ce qui permet de se situer de manière juste c’est d’abord la posture.
La posture qui nous rappelle qu’il s’agit d’un moment de pause. Il n’est pas question d’agir, de faire quoi que ce soit, mais simplement de s’asseoir et d’être complètement présent, complètement ici, maintenant, pas déjà dans la journée qui va commencer, ni dans la nuit précédente. S’entraîner, consciemment, simplement à être juste ici et maintenant. Car un véritable entraînement est nécessaire : ce qui caractérise notre manière de fonctionner dans le quotidien c’est essentiellement d’être toujours ailleurs et dans un autre temps.Or la fonction qui nous permet d’être ailleurs et dans un autre temps, c’est la pensée. D’où l’importance dans la méditation de nous appuyer sur les sensations, sur la posture, sur le corps. Cette attention tranquille détendue, ouverte, aux sensations et à la posture nous permet instants après instants d’être simplement présents.
Ressentons les contacts, toutes les parties du corps qui touchent le sol, le coussin ou la chaise. Entrons en contact avec notre structure, la colonne vertébrale qui nous tient droit, qui nous relie, qui relie la base solidement ancrée dans la terre et le sommet qui aspire à plus grand. Mettons les choses à leur place : le lourd en bas, le léger en haut. Physiquement sentons que le poids est à la base, dans le bassin, le hara. Et en haut, dans la tête, c’est léger.
Et si ça s’agite beaucoup en haut, revenir à la base, à la sensation du bassin, au hara.Lorsque nous sommes consciemment dans cette sensation, nous sommes exactement ici et maintenant. Nous sommes en contact avec notre incarnation, nous sommes en contact avec Dieu, le divin, la vie en nous.

Très simplement, ce contact avec la vie en nous, avec la magie de la vie en nous, nous pouvons aussi l’établir non pas en observant, mais en ressentant la respiration, le mouvement du souffle, en ressentant la respiration dans le ventre, dans le bas-ventre, dans le hara. Si toute mon attention se porte sur la posture, les sensations, s la respiration, alors il n’y a pas de place pour penser. Il n’y a de place que pour ici et maintenant.

Il n’y a pas de place pour penser, mais il y a toute la place pour s’émerveiller, pour se sentir relié, pour se sentir vivant. Tranquillement, nous pouvons ressentir cette respiration dans le hara mais aussi dans la poitrine, exactement à la place du cœur. Au fur et à mesure que nous ressentons la respiration, osons, osons sentir notre cœur qui s’ouvre.

Osons le laisser s’ouvrir.
Il y a une formule dans la liturgie des moines qui est répétée souvent :

Rendons grâce à Dieu tout puissant
À Jésus-Christ, son fils le Seigneur,
À l’Esprit, qui habite en nos cœurs.


C’est bien dans notre cœur que l’Esprit habite. La vie de l’esprit, la vie spirituelle est dans nos cœurs. Alors ressentons-le, cet Esprit qui habite en nos cœurs, faisons lui la place. Voyons que par la respiration, il est déjà là. Il n’y a pas à penser ou à inventer autre chose, l’ouverture est déjà là, le cœur bat tout seul, nous n’y sommes pour rien.
Juste goûter, savourer notre cœur ouvert habité par l’Esprit.
Et oser aller plus loin, oser, quoi qui se présente, non seulement voir et reconnaître ce qui est, mais aimer, ce qui est. Simplement parce que c’est là.
Si notre cœur est ouvert, alors nous pouvons vraiment nous sentir reliés, reliés à nous-même, reliés à l’univers, reliés aux autres, reliés à la vie, reliés à Dieu.
Au cours de notre journée nous aurons à revenir, à nous souvenir du goût de cette ouverture. Et dans le courant de l’existence, dans l’action, dans la relation nous pourrons oser, oser, cette ouverture du cœur.
Oser ressentir, oser s’ouvrir, oser aimer. Oser la transparence.
Hier soir au dernier office de vigiles, dans le texte lu d’un moine de la Grande Chartreuse il était question de Marie qui avait accueilli Dieu dans son cœur et il était aussi question de la transparence de Marie qui laisse passer l’amour de Dieu.
Osons être transparents à Dieu, être transparents à la vie.


7 commentaires:

Chronophonix a dit…

..." car Dieu change un coeur
lorsqu'il se donne à Lui " (Jany Verducci) A écouter, son témoignage enregistré, ici.

Anonyme a dit…

Merci Corinne pour ce beau partage.
Il me fait voir combien je suis dans mes pensées tout au long de la journée et combien j'en oublie l'essentiel. Je sens qu'un travail s'impose sur des pauses 'essentielles' tout au long de la journée.
Merci
Karl

philippe a dit…

Juste et essentiel.
Merci Corinne de ton accueil bienveillant.

Anonyme a dit…

Oui, Merci Corinne...

martine a dit…

Merci Corinne.
Je pense aussi que c'est bien dans notre coeur que l'Esprit habite ! Comment parler de l'Esprit et de ses dons si l'on ne comprend pas que Dieu vient à notre rencontre par le coeur, pour nous relier aux autres oui, à la Vie, à l'univers, mais aussi pour distribuer par nos pures actions cette lumière divine qui porte, qui ouvre et qui délivre.

J'aime ce parallèle avec Marie, avec sa transparence, sa docilité, sa sagesse, bref sa Foi ; elle est pour nous le modèle de la femme emplie de l'Esprit de force, l'Esprit de compassion et de miséricorde.

"osons être transparents à Dieu, être transparents à la Vie"
Merci beaucoup Corinne....

gjmtenba a dit…

Merci Corinne.

Marie, modèle du disciple.


Tiens le système de commentaire est en anglais, pourquoi pas en flamand, en mandarin, en basque... ?

Music'An a dit…

Désolée d'être si pragmatique après un texte si beau...quelqu'un sait il où je peux trouver les gros coussins rectangulaires de méditation qu'il y a à Hauteville? j'ai eu beaucoup de mal à trouver ma posture dessus, mais maintenant que je l'ai je ne peux plus m'en passer;)
Anne