vendredi 18 juillet 2008

La danse des grands-mères

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Un livre inclassable, magnifique, de Clarissa Pinkola Estés. Cette femme, psychanalyste, ethnologue, conteuse, née aux États-Unis dans une famille d’origine hongroise a écrit le très célèbre « Femmes qui courent avec les loups ».









Voici deux extraits :


Prières de gratitude
envers les dangereuses vieilles femmes
et leurs filles sauvages et sages
que nous apprécions tant.



Pour toutes les aïeules du monde, celles que les vagues ont bercées et celles qu’orages et tempêtes ont à moitié fait couler, celles qui se sont accrochées à l’épave suffisamment longtemps pour parvenir à mi parcours et de là ont pu toucher terre…Pour les anciennes qui leur diversité avec leurs peines et leurs talents divers, sont maintenant timides ou assurées, à demi échevelées ou impeccables, mais ont néanmoins les hanches larges et l’allure fière… Pour les tribus de grandes aïeules…avec tous leurs pelages et leurs plumes, avec toutes leurs feuilles, leur peau, leurs jupes, et toutes leurs ropas guerreras, leurs tenues de combat, avec leurs ailes, leurs ceintures, leurs châles, leurs broches et leurs colliers de cérémonie, leurs bâtons de chef, avec toute leur fierté tendre et athlétique, avec leurs becs et leurs queues, leur tulle et leur toile qui paradent et flamboient, avec leurs déambulations et leur sensualité, avec tous leurs comportements imprévus et scandaleux, leurs excentricités, leurs dentelles et peintures tribales, avec tous les insignes de pouvoir et les couleurs de leur clan, avec leur sang féroce et doux et leurs yeux qui brillent, pour toutes leurs mœurs traditionnelles et généreuses…pour leur façon suprême de veiller à ce que le respect, la vie créatrice et l’attention à l’âme ne disparaissent pas de la face de la terre…pour toute cette beauté bénie qui est en elles…

À leur intention, prions…
Que la force et la guérison
Imprègnent à jamais leurs os courageux.





Pour toutes les aînées pleines de sagacité qui sont en train d’apprendre quand le moment est venu de s’affirmer et non pas de se taire, ou de se taire quand le silence est plus éloquent que la parole. Pour toutes les femmes en train de devenir des anciennes, qui apprennent à être gentilles quand il serait si facile d’être cruelles…qui voient qu’elles peuvent être tranchantes quand cela s’impose, et trancher proprement…qui s’entraînent à dire la vérité avec miséricorde. Pour toutes celles qui ne respectent pas les conventions et serrent la main de personnes étrangères, en les accueillant comme si elles les avaient élevées et connues depuis toujours…pour toutes celles qui apprennent à rapprocher les os, à secouer l’embarcation et aussi le lit, comme à apaiser les tempêtes… pour celles qui veillent sur l’huile de la lampe, qui maintiennent le calme chaque jour…pour celles qui préservent les rituels qui n’ont pas oublié comment faire du feu avec du silex et de la bourre…pour celles qui disent les anciennes prières, qui se souviennent des symboles, des formes, des mots, des chants, des danses, et de ce que les rites eurent pour but d’instaurer à une époque…pour celles qui bénissent souvent et aisément les autres…pour ces aînées qui n’ont pas peur – ou qui ont peur – et qui agissent avec efficacité de toute manière…

Pour elles…
puissent elles vivre longtemps,
fortes et en bonne santé,
et en déployant une immense énergie vitale.


Clarissa Pinkola Estés
La danse des grands-mères
Ed Grasset p 97-100



7 commentaires:

Anonyme a dit…

Le textes de Clarissa Pinkola Estés sont des joyaux qui emportent et donnent des ailes. Les lire nous rend soudain plus fortes, plus fières, plus conscientes de notre rôle et de notre place dans l'Histoire.
Merci Corinne de ce magnifique extrait.
Isabelle

Anonyme a dit…

Et pour les hommes qui en grandissant ont la chance de rencontrer de telles femmes, prions...

Madeleine a dit…

J'ai "dévoré" 'femmes qui courent après les loups..." un ouvrage majeur pour prendre conscience des forces qui nous habitent et qui, trop souvent, sont muselées dans des rôles traditionnellement assignés aux femmes.
Pour s'aventurer dans son labyrinthe intérieur et renouer avec son fonds créatif ..., la nature sauvage va de l'avant, elle
persévère comme les loups, même malades, même seuls, même acculés, même seuls ou effrayés ...

Merci Corinne pour cette nouvelle perle.

martine a dit…

Je rejoins parfaitement les dires de Madeleine et d'Isabelle. Ce livre a été un livre "phare" il y a qq années, un ouvrage qui a vraiment compté dans ma vie de femme, livre que j'aurai plaisir à relire bientôt pour y découvrir de nouvelles choses, n'étant plus forcément la meme...
MERCI Corine pour cette nouvelle danse avec ce nouveau titre.

Ann a dit…

ouais, cela va faire mal au prochain passage à la librairie...

Anonyme a dit…

Outch! quelle force, quelle langue!

Bon, tu me le prêteras, dis?
Aho, grand-mère Corinne!

Anonyme a dit…

AHO