vendredi 15 juin 2007

Le témoignage de Guillaume

Je suis parti dans ce voyage dans le Hoggar un peu à reculons. Le week-end de préparation fut déjà bien agité pour moi et c’est avec un mélange d’appréhension et de doutes quant à l’opportunité de ma présence dans ce groupe que je me lançais dans ce voyage, sans avoir fait de quelconque préparation…. Alors pourquoi y aller ? D’abord parce que je mettais là en application un conseil, une recommandation qu’Arnaud m’avait donnée pour prendre mes décisions. Je ne suis pas sûr que j’y serais allé sinon d’ailleurs. Pour un voyage, ce conseil s’est mué en directive, en direction. En direction de soi-même.

Je ne peux pas dire que je pense à ce voyage tous les jours même si je regarde les belles photos que j’ai prises avec plaisir et même si je me régale des nourritures et des friandises du blog d’Alain. J’ai même le sentiment que je l’occulte parfois. Mais il a clairement déposé, fait naitre quelque chose de vivant en moi. Des impressions mais surtout des briques de construction de moi-même, des poutres invisibles, un sentiment de plus grande densité, une plus grande évidence de moi-même, une émergence de soi …. « Ressentir plus pour penser moins ». ‘Etre plus’, si on peut dire, à la fin du voyage.

Donc je pars un peu benoitement pour ce voyage…. Rapidement il tourne en moi à la confrontation intérieure. Confrontation avec le désert, deux guides, un groupe. Avancer avec le désert, deux guides, un groupe. Oui. Oui, mais…. Mais-rci.

Grâce au désert ? De nombreux entretiens avec Corinne - merci - dont les paroles sont pour moi si justes et si appropriés (si j’ose dire), une marche très agréable physiquement (content d’arriver quand même), la joie de faire des photographies…. Et il y a des pierres, une quantité incroyable de pierres source d’émerveillement quotidien ! Je vois des paysages désertiques splendides, parfois sublimes, divins, et, qui plus est, variés... Il fait chaud, c’est beau, rocailleux, âpre, vaste. Un jour nous dormons près d’un oued, l’herbe est verte d’un vert tout neuf (« esprit vert, esprit neuf »….). Je ressens et découvre parfois le luxe de la simplicité, entouré et accompagné par ces hommes du désert, qui sont simplement eux-mêmes et qui prennent vraiment bien soin de nous.

Et le mental n’a pas tous ses trucs pour s’enfuir et se met ainsi en place une mise en lumière savamment orchestrée par Alain, l’ami Alain - merci. Désert algérien à l’extérieur, montagnes russes à l’intérieur. Ca arrache le désert, ça racle dit Alain. Heureusement qu’il n’y a pas d’hélicoptère au pied de l’Assekrem…. Finalement je ne prends pas d’hélicoptère mais nous montons avec quelques-uns à l’ermitage du Père de Foucault pour profiter du spectacle du soleil qui se lève à 5h du matin…. Cadeau.

Petit vélo dans la tête dit-on. Le désert me rappelle de voir aussi les coureurs échappés, le peloton et la caravane du Tour ! Ca pédale tout le temps. Malheureusement ça n’est pas sans conséquences. Un voyage enfin de relation avec les autres. Au fait, quels autres ? Le soir, pendant le partage du groupe, des témoignages me touchent, des paroles sincères, parfois drôles. Quelqu’un, sur une idée d’Alain, partage ce que lui a rappelé Corinne : « Ressentir plus pour penser moins ». Parole qui me touche aussi profondément, que je commence à comprendre. Je passe des moments bien et sympas : petit à petit découvrir, oser plus la relation, s’ouvrir… dans cet Espace du désert. L’énergie du groupe, dont je fais partie, agit sur moi - merci. « Jouissance » me dit (m’ordonne pour mon bien ?) Alain. Goûter. Les autres sortent un peu du flou dans mon monde. Je sors du flou aussi ou plutôt je me désidentifie de ce monde projeté.

Les quatre cinquièmes de la retraite-randonnée sont maintenant derrière moi. Nous sommes près d’un de ces pics incroyables à la présence mystérieuse comme sorti de nulle part. Des tensions profondes, donc, lâchent d’un seul coup, des tendeurs du « body-mind complex » se dissolvent. J’aurais presque pu les compter ! Quelque chose a changé. J’ai fait un pas en avant dans la construction de moi-même, dans l’être simplement soi, pour se tenir debout intérieurement. Un pas en avant pour respirer, découvrir et goûter le monde autour, avec moi et les autres dedans, entre autres. Un pas vers le relâchement.

Retour. Voilà, le groupe est mort. Le groupe est mort et je suis plus vivant.

Je suis « plus près de moi ». I am closer to me. Two Me ?
Me. Me-rci.
Mille mercis….


7 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Guillaume,
je vois dans ton temoignage le pétillement de tes yeux apres le dernier partage. Energie?
A+
Jacques

Vincent a dit…

Plus je lis ou entends des témoignages, plus ces marches dans le désert me font envie... La seule lecture de ce texte me dispose à davantage de présence, et me motive dans mes efforts. Merci Guillaume, et à travers toi merci à toutes les personnes, ("une, plus une, plus une...") qui ont témoigné.

fishfish a dit…

merci guillaume
yes,I am closer to be

Anonyme a dit…

Merci, Guillaume
ton témoignage me touche

Corinne a dit…

Merci pour ton témoignage Guillaume. Comme Jacques, je reconnais bien dans ce que tu dis ton évolution visible au cours de la marche et ton regard pétillant du dernier tour de groupe.Le désert rapproche toujours de soi-même, d'un soi-même plus authentique, plus simple et sensible à la proximité de la nature, des autres et de Dieu.
Bonne route. Donne des nouvelles !!

Anonyme a dit…

Quel cadeau ce ressenti de Guillaume.
A tâtons,tu découvres un champ inexploré de toi-même.
Merci!

Anonyme a dit…

Un bel encouragement que je reçois de ta part, pour à mon tour vivre cette expérience désertique-tic...
J-P gepett0