samedi 8 mars 2008

Le M'zab


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Lors d'un entretien , Anne-Marie Poirier m'a fait cadeau de cette citation de Manuelle Roche. Anne-Marie vient de me l'envoyer avec une présentation du livre dont elle est tirée. Je ne connaissais pas du tout le M'zab et vous ?



"La méditation n'est pas forcément la source de ce que Saint Bernard appelait "considération" : ce regard attentif en soi à la recherche des valeurs et des causes profondes. La méditation, c'est peut-être seulement une si totale mise en disponibilité de soi quand les choses sont lumineuses et belles, qu'on se met à les posséder vraiment. Sans chercher à les analyser, à les comprendre ou les traduire, sans chercher à se convaincre, sans vérifier leur nombre d'or. La méditation, c'est peut-être savoir s'arrêter, s'ouvrir, attendre. Alors les choses vous appartiennent et vous leur appartenez" Le M'Zab - Manuelle Roche - p.89.

Présentation du livre :

"Sous un ciel de feu, dans une vallée aride du Sahara algérien, le M'Zab, une architecture toute d'harmonie et de sobriété, a séduit les architectes modernes, en particulier Le Corbusier.

Cinq villes à l'échelle de l'homme, construites successivement en l'espace de cinquante années, il y a dix siècles, par les Ibadites rostémides rescapés des ruines d'Isedraten la Glorieuse. Ces Ibadites (ou Mozabites, du nom de la vallée du M'Zab), maîtres cependant de tous les raffinements de l'art islamique de l'époque, élevèrent leurs nouvelles villes avec une volonté évidente de simplicité. Ils atteignirent ainsi l'essence même de la beauté.

A El Atteuf (le Tournant), Bou-Noura (la Lumineuse), Beni-Izgen (la Ville Sainte), Melika (la Reine) et Ghardaïa, les murs ne sont pas tirés au cordeau, mais ils vivent, et, sur l'enduit de plâtre, la trace des doigts ou des outils de l'artisan maçon accroche la lumière et la fait jouer différemment selon les heures du jour.

Dans les ruelles étroites et fraîches, hommes et femmes circulent, silencieux et sereins. La nuit, sur les terrasses, on est envahi d'un sentiment de sécurité et de plénitude : le temps s'est arrêté et tout est en ordre immuablement.

A la lecture de ce livre et à la contemplation de ses images, on se surprend à éprouver cette plénitude, cet accord parfait avec le moi profond, qui est peut-être la véritable forme du bonheur."

Extraits de la préface de Mouloud Mammeri :
"La beauté leur fut donnée par surcroît. Les puritains hétérodoxes partis vivre leur vérité parmi les sables plutôt que de consentir dans l'abondance à celle des autres, n'avaient pas souci de chercher le beau pour lui-même en leur demeure. Non point qu'ils n'en eussent pas le goût, mais parce qu'ils n'en avaient pas le loisir. D'abord survivre. (...)

On ne vit pas à contre-courant de tout l'environnement sans une conscience aiguë et quotidienne de toutes les conditions d'existence. L'art des Ibaditred est condamné à la vigilance. (...)

Pendant plusieurs siècles les Mozabites ont mené une vie recluse, mais recluse sur l'essentiel, et Le Corbusier visitant La Chebka (ndlr :l'un des sites les plus arides du monde) reçut comme un choc la révélation qu'une vérité cachée mais vitale était enfouie là dans la pierre. (...)

Et enfin, sagesse profonde d'un monde accordé, l'homme ici sait que souvent qui veut faire l'ange fait la bête, qu'après avoir défini ses rapports avec les autres, avec ses frères et avec Dieu, l'individu a besoin de se retrouver dans le secret de soi et comme de s'y retremper."

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3 commentaires:

Stéphane a dit…

Non, je ne connais pas.
Cette description des traces d'outils, de quelque chose qui jailli (comme l'a apparement ressenti Le Corbusier), ça me parle.

Corinne a dit…

Merci Anne-Marie. Je me souviens que tu m'avais parlé du M'zab avec beaucoup d'enthousiasme quand nous sommes partis dans le Hoggar.Je t'embrasse ainsi que Didier.

Anonyme a dit…

Lors d'un stage dans le désert (avec Josette Martel il y a 18 ans)qui se passait à El Golea, on s'est arrêté au retour à Ghardaia, dans le M'zab donc, que je connaissais un peu par les livres.
C'est une architecture très sensuelle, très féminine, complètement à l'opposé de ce que faisait Le Corbusier, et même s'il dit qu'il s'en est inspiré à Ronchamp, cela ne se voit pas beaucoup. Désolé!
Yannick