vendredi 11 janvier 2008

Mother India


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Difficile de parler de l’expérience de l’Inde...cela ressemble à parler de sa mère : les émotions sont fortes et contradictoires. Pas pour rien que l’on parle de Mother India. Ce continent - c’est trop grand et il y a trop de monde pour parler seulement d’un pays – je le ressens effectivement comme une mère en cela qu’il vient envelopper, heurter, bousculer, parler à notre CŒUR. Il n’y a rien à comprendre, c’est impossible. Comment une telle pagaille – le petit film sur la circulation en témoigne – peut-elle s’allier à tant d’harmonie ? Comment un tel bruit a-t-il permis à tant de sages d’entendre et de transmettre le silence de l’Être ? Comment tant de mélanges, de disparités peuvent-ils nous faire toucher le Un ? Comment tant de crasse peut-elle côtoyer tant de pureté ? Comment tant « d’injustices » apparentes peuvent-elle nous parler du dharma ? C’est un mystère. Si on essaie avec sa tête, on n’entre pas. On ne peut entrer qu’avec son cœur.

La première couche du cœur ce sont les émotions, les réactions émotionnelles à un univers souvent à l’opposé du nôtre. C’est l’occasion rêvée pour VOIR combien nous sommes dans « j’aime » et « je n’aime pas » à longueur de temps. Les contrastes de l’Inde nous font passer sans transition de la qualification « sublime » à la qualification « épouvantable ».
Marcher dans les rues de Tiru au milieu des vaches et de leurs bouses, des motos , des camions,des lépreux, des femmes en sari ,des mendiants, des écoliers en uniformes, des saddhus, des marchands ambulants, entrer dans l’ashram de Ramana Maharshi , méditer dans le grand hall et tourner autour du samadhi de la Mère puis ressortir dans la circulation avec comme axe : « Tout est neutre » est un sacré exercice spirituel !!

La couche plus profonde du cœur c’est le sentiment, le sentiment d’amour. Et l’Inde est très forte pour nous montrer des exemples d’amour fou. En occident l’amour fou, c’est l’amour romantique. Ici c’est la folie de Dieu ou la folie de l’amour pour le guru. J’ai été très touchée par la relation de Lee Lozowick avec son maître Yogi Ramsuratkumar, et très touchée aussi pas Ma Devaki, la servante de Yogi qui s’est occupé de lui jour et nuit pendant 15 ans jusqu’à sa mort. C’est elle qu’il a désignée comme la mère de l’ashram et elle continue à chanter son nom et à ne vivre que par lui. Elle n’existe pas, c’est Yogi, seulement Yogi. L’ashram est une sorte de hangar immense et parfois elle est seule pour les chants qui sont LA pratique : chanter le nom du guru.
« Yogi Ramsuratkumar, Yogi Ramsuratkumar, Yogi Ramsuratkumar Jaya Guru Raya »
Une personne lance le chant et le groupe s’il y en a un, reprend…pendant des heures. Je remercie André Martin qui a noué une relation profonde avec Ma Devaki et nous a amenés dans cet endroit. Il a un génie particulier pour permettre à chacun de chanter avec la voix de son cœur, une voix libre, la voix en nous qui sait s’adresser à Dieu. Nous sommes allés deux fois en groupe chez Yogi, André m’a donné la chance de lancer un chant. Et chaque fois ,lorsque la voix s’élance, seule ou dans le groupe, un miracle se produit : le cœur s’ouvre, il n’y a plus de questions. Il s’agit juste de chanter et se relier à plus Grand. Expérimenter la joie de chanter. Chanter, de tout son cœur.


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10 commentaires:

Anonyme a dit…

Ces couleurs, ces sons, ces élans du coeur... Tu me donnes envie, Corinne, de m'y frotter un jour, à "Mother India".
Isabelle

Stéphane a dit…

Oui, chacun des texte et chacune des photos fait apparaitre le goût de l'Inde. Je souhaite aussi pouvoir y aller...

Anonyme a dit…

Corinne, mon amie chère, écoute: quand écris-tu un livre, sur ton expérience de vie?
Cette fois encore, c'est ce qui m'est venu, en te lisant...
Allez! sérieux!
Bisous*

Corinne a dit…

Merci Sandrine, ça me paraît plutôt un compliment. Mais en fait écrire des petits textes pour le Blog de temps en temps ça me va très bien. Je préfère vivre l'expérience que la raconter !!

laurence a dit…

Ah que ton témoignage me touche, Corinne! Après mon premier voyage en Inde en 79, je m'étais jurée de n'y plus jamais remettre les pieds, et y ai déjà passé au moins douze ans de ma vie, avec des moments, parfois furtifs, parmi les plus forts et les plus nourrissants qu'il m'ait été donné de vivre! Une petite histoire que je voudrais partager. Nous connaissions, mon mari et moi, une famille très pauvre à Mysore, un couple avec leurs 4 enfants. Nous les avions emmenés à une foire et voulions leur acheter des choses. Très sincèrement, nous leur avons acheté des sandales à chacun, et nous avons fini avec des glaces. J'avais le coeur joyeux de leur avoir fait plaisir... Nous mangions notre glace quand j'ai entendu derrière moi un mendiant appeler d'une voix plaintive "Maaaa". Ma réaction immédiate a été de penser "zut, pourquoi il vient m'embêter celui-là" et la réaction immédiate de ce Monsieur pauvre a été de lui offrir sa glace! No comment... Mais quelle leçon!

Anonyme a dit…

Oui, Corinne, chanter de tout son coeur au sein de Mother India, quel incroyable bonheur !

Merci pour ton magnifique témoignage.

Steph 05

Julie a dit…

Ton témoignage est magnifique... je viens de l'envoyer à un ami cher qui est là bas depuis quelques semaines... Merci Corinne.

djaipi a dit…

bien retouché par ton beau billet, merci Corinne et bien touché d'avoir partagé cette expédition avec toi. Bises d'indonaute.

Anonyme a dit…

Merci pour ce beau temoignage, Corinne... Je suis arrivee a Tiru hier et ce que tu as exprime correspond bien a ce que j'experimente aussi en ce moment ici et ailleurs en Inde.

ipapy a dit…

Bonjour Linda, je t'imagine à Tiru.
Plein de bisous