Robert Linssen Un Éveillé authentique : Douglas Harding (Revue être Libre, Numéros 193-195, Janvier-Mars 1962)
"Voici la traduction de la relation d'Harding :
« Le meilleur jour de ma vie — celui de ma renaissance est celui où je découvris que je n'avais pas de tête. (Il se peut d'ailleurs que Harding utilise également ce genre d'expression originale en étant influencé par la méthode Zen qui emploie à dessein des expressions déconcertantes.) Il y a dix-huit ans, lorsque j'étais âgé de 33 ans, je fis cette découverte. J'avais été durant plusieurs mois absorbé dans la question « qui suis-je ? » Le fait que je me promenais dans les Himalayas à cette époque, a peu de relation avec mon expérience... quoique l'on dise que dans cette contrée certains affirment que des états mentaux inhabituels peuvent se réaliser plus aisément.
Quoiqu'il en soit, une journée parfaitement claire et la vue s'étendant des belles vallées bleues jusqu'aux plus hauts sommets du monde, y compris le Kangchenjunga et l'Everest, constituaient un spectacle digne des plus grandes visions. Ce qui arriva alors fut quelque chose d'absurdement simple et très peu spectaculaire. Ma pensée s'arrêta soudain. Une quiétude particulière, ainsi qu'une étrange transparence m'envahit. La raison et l'imagination et toute agitation mentale s'évanouirent. Pour une fois, les mots me manquaient. Le passé et le futur s'effondrèrent.
J'oubliais qui j'étais, mon nom, mon humanité, mon animalité et tout ce qui pouvait être considéré comme « mien ». C'était comme si j'étais né à cet instant, « flambant neuf », sans pensée, purifié de toute mémoire. Il n'existait seulement que le maintenant, ce moment présent et ce qu'il comportait. Regarder était suffisant. Ce que je découvris était un pantalon kaki se terminant en bas par une paire de souliers bruns, une chemise kaki se terminant à la partie supérieure... par absolument rien...
Certainement pas une tête. Cela ne me prit pas de temps de remarquer que ce « rien », ce « trou », à la place duquel devait se trouver une tête n'était pas un vide ordinaire, un simple néant. Au contraire. C'était intensément occupé. C'est un grand vide immensément rempli, un rien dans lequel étaient toutes les choses, l'herbe, les arbres, les montagnes lointaines et loin au-dessus d'elles les pics neigeux...
J'ai perdu une tête... j'ai gagné un monde...
Cela me coupait littéralement le souffle. J'étais à tel point absorbé dans l'instant donné que j'en avais le souffle coupé. La scène était superbe, brillant extraordinairement dans l'air transparent... Il y avait une solitude d'être qui n'était supportée par rien, mystérieusement suspendue dans le vide et (et ceci était le miracle authentique, l'émerveillement et le délice), tout ceci était suprêmement libéré de « moi » et non limité par la conscience (dualiste) d'un observateur... Sa totale présence était ma totale absence tant de corps que d'âme... Plus léger que l'air... plus transparent qu'un cristal, délivré de moi-même, plus rien de « moi » ne subsistait...
Quoiqu'il en soit, une journée parfaitement claire et la vue s'étendant des belles vallées bleues jusqu'aux plus hauts sommets du monde, y compris le Kangchenjunga et l'Everest, constituaient un spectacle digne des plus grandes visions. Ce qui arriva alors fut quelque chose d'absurdement simple et très peu spectaculaire. Ma pensée s'arrêta soudain. Une quiétude particulière, ainsi qu'une étrange transparence m'envahit. La raison et l'imagination et toute agitation mentale s'évanouirent. Pour une fois, les mots me manquaient. Le passé et le futur s'effondrèrent.
J'oubliais qui j'étais, mon nom, mon humanité, mon animalité et tout ce qui pouvait être considéré comme « mien ». C'était comme si j'étais né à cet instant, « flambant neuf », sans pensée, purifié de toute mémoire. Il n'existait seulement que le maintenant, ce moment présent et ce qu'il comportait. Regarder était suffisant. Ce que je découvris était un pantalon kaki se terminant en bas par une paire de souliers bruns, une chemise kaki se terminant à la partie supérieure... par absolument rien...
Certainement pas une tête. Cela ne me prit pas de temps de remarquer que ce « rien », ce « trou », à la place duquel devait se trouver une tête n'était pas un vide ordinaire, un simple néant. Au contraire. C'était intensément occupé. C'est un grand vide immensément rempli, un rien dans lequel étaient toutes les choses, l'herbe, les arbres, les montagnes lointaines et loin au-dessus d'elles les pics neigeux...
J'ai perdu une tête... j'ai gagné un monde...
Cela me coupait littéralement le souffle. J'étais à tel point absorbé dans l'instant donné que j'en avais le souffle coupé. La scène était superbe, brillant extraordinairement dans l'air transparent... Il y avait une solitude d'être qui n'était supportée par rien, mystérieusement suspendue dans le vide et (et ceci était le miracle authentique, l'émerveillement et le délice), tout ceci était suprêmement libéré de « moi » et non limité par la conscience (dualiste) d'un observateur... Sa totale présence était ma totale absence tant de corps que d'âme... Plus léger que l'air... plus transparent qu'un cristal, délivré de moi-même, plus rien de « moi » ne subsistait...
Et en dépit du caractère magique de cette vision, il n'était pas question de rêve ni de révélation ésotérique... Tout au contraire... Ceci était éprouvé comme un Eveil soudain hors du rêve d'une vie ordinaire... c'était la fin d'un rêve. C'était une réalité brillant de sa propre lumière, purifiant toutes les ombres de l'esprit... C'était la révélation de l'évidence parfaite... C'était un moment lucide dans l'histoire d'une vie confuse. »
Les imperfections inhérentes à notre traduction ne pourront pas empêcher le lecteur d'être frappé par l'authenticité de cette expérience.
Nous y retrouvons confirmées les données les plus fondamentales de l'enseignement Zen.
Commentant celui-ci, Harding nous suggère « d'entendre sans oreille le Silence caché au delà de tous les sons et de voir sans yeux l'Invisible qui est au delà de la vue ».
Ce sens nouveau nous est donné par la faculté d'omnipénétrabilité dont nous avons parlé plus haut. La révélation de l'Amour véritable peut nous y aider.
Qu'attendons-nous pour nous éveiller ? N'attendons plus ! Vivons dans le Présent."
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ps d'ipapy : Bonne question.......
ps d'ipapy : Bonne question.......
3 commentaires:
Qu'attends-je pour m'éveiller ?...
De perdre la tête pour gagner le monde et être Présence !
Mais ma tête a mille têtes et le temps a mis le temps de loger en chacune d'elles un "moi" jamais pressé de s'en aller.
Merci Alain de ce partage.
Isabelle
merci Alain de retranscrire ces écrits si touchants et authentiques de notre cher Douglas
Clo
oui.
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