Un guide Touareg

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Tous ceux que nous avons accompagnés dans le Hoggar et qui l’ont côtoyé ont été impressionnés par celui qui a été deux fois notre guide, Entayent Ag Mana. C’est pourtant un homme discret, qui parle peu. Il est reconnu par ses pairs comme un des grands guides du Hoggar, il a la connaissance du désert, des chameaux, une grande expérience et une grande sagesse.

Marcher derrière lui a été pour ceux qui l’ont fait une leçon de Présence. J’avais été frappée par sa façon de marcher quand j’ai fait sa connaissance en 2002. Je me souviens avoir dit à Annick : « Cet homme-là, lorsqu’il marche, il ne pense pas. » Et c’est une évidence pour tous ceux qui le suivent : Entayent lorsqu’il marche est un avec la marche, un avec le désert. D’où la lenteur, la régularité du pas, sa légèreté, la détente du corps entièrement ici et maintenant.
En fait, Entayent en particulier et les Touaregs de la caravane plus généralement nous rappellent quelques vérités fondamentales que notre mode de vie nous fait oublier : l’inutilité de la précipitation, de l’agitation mentale à propos du futur, la nécessité du repos, le lien entre la détente et la Présence …

La préparation des selles au moment du départ nous a donné un bel exemple. Entayent avait prévu un modèle de selle pour Alain et un autre pour Gérard. Les deux intéressés pensaient que l’inverse serait mieux. Pas de problème : en prenant le temps nécessaire et sans commentaires inutiles un essai a été proposé. C’était effectivement la solution du guide qui était la plus adaptée… C’est l’expérience qui l’a montré et la selle de Gérard a été ensuite améliorée en sciant deux attaches de bois : lenteur, patience, adaptation d’instant en instant à la situation dans toutes ses composantes humaines et techniques, bienveillance, confiance.

La saison commençait avec notre groupe et on sent une profonde tranquillité chez cet homme malgré quelques ennuis de santé sur lesquels il est très discret. Lorsque la fatigue s’est faite sentir, il s’est reposé. C’est son fils Abdallah qui nous a accompagné à l’Assekrem le soir et son autre fils Slimane le lendemain matin. Au fur et à mesure de la marche les forces sont revenues. Mais l’attention aux moindres détails est toujours là : une selle de bât mal arrimée, un chameau qui boîte, un membre du groupe en difficulté physique, un autre qui s’intéresse aux plantes et à qui il donne les noms des herbes qu’il a ramassées, une plaisanterie pour un troisième …

Merci à toi Entayent, pour tes compétences de guide, pour la simplicité et la qualité de ta présence bienveillante, pour ton humanité. « Pour ton amour », dit Alain, qui m’aide à conclure ce post, « car en fait Entayent est un homme plein d’amour. »
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