mardi 29 avril 2008

Allaitement

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J’aimerais apporter un complément au descriptif des jus végétaux fait par Valérie le 17 avril. Ces préparations végétales ne sont pas sans risque lorsqu’elles sont utilisées pour des très jeunes enfants. Le cas d’Eliana Diskins, petite Australienne de cinq mois décédée de malnutrition sévère provoquée par une alimentation exclusive au lait de riz (avril 2003), témoigne de l’importance de la question pour la santé des nourrissons.

Or certaines boissons végétales fabriquées à partir de graines ou de céréales sont improprement dénommées « laits végétaux » (amande, noisette, avoine, châtaigne, soja).
La confusion est de faire croire aux consommateurs qu’ils sont équivalents (même couleur, même dénomination) alors que leurs apports nutritionnels sont très différents. Outre le risque allergique lié à l’introduction trop précoce de ce type d’alimentation, ces « laits » ne répondent pas aux besoins nutritionnels spécifiques du nourrisson. L’alimentation du nourrisson est exclusivement lactée au moins jusqu’à cinq mois, le lait représentant l’essentiel de l’apport énergétique, protéique et calcique. Toute substitution non conforme et non adaptée à ses besoins peut entraîner des carences, notamment en calcium et en acides gras essentiels.


Le lait de châtaigne est très pauvre en lipides : 0,3 g/100 ml contre 3,5 pour le lait de femme. Ces préparations sont très sucrées : 14,9 g/100 ml pour l’amande, 22,7 pour la châtaigne, contre 7,5 g/100 ml pour le lait de femme. Par ailleurs, l’amande et la châtaigne, du fait du risque allergique, ne doivent pas être introduits dans l’alimentation du nourrisson avant l’âge de un an.
On trouve de plus en plus, dans des magasins diététiques, ces « laits » de châtaigne, amande, riz, avoine, noisette ou soja, sous forme de poudre ou de liquide.

Le meilleur lait pour le petit de l’homme est le lait de sa mère, car il répond à ses besoins nutritionnels spécifiques. Les progrès considérables de l’industrie agro-alimentaire ont permis de s’approcher de plus en plus du lait de référence, le lait de femme, à partir du lait de vache. Tous les aliments destinés à l’enfant doivent obéir à un certain nombre de dispositions réglementaires européennes qui sont l’objet d’arrêtés (arrêté du 11 janvier 1994 modifiant ceux du 1er juillet 1976 et du 30 mars 1978)
Les préparations pour nourrissons ont un taux de protéines abaissé par rapport au lait de vache (1,5-2,1 contre 3,5) et sont enrichies en acides gras essentiels, notamment en acide alphalinoléique, nécessaire à la croissance cérébrale ; elles sont aussi supplémentées en vitamine D et en fer.

Par rapport au lait de mère, ces « laits végétaux » sont trop sucrés, carencés en acides gras essentiels et en calcium, et contiennent des protéines de moins bonne qualité. Le lait de châtaigne est quinze fois trop pauvre en lipides, de même que le lait de riz, par ailleurs très pauvre en calcium. Outre le risque allergique, ces laits ne répondent pas aux besoins nutritionnels du nourrisson et ne sont pas conformes à la réglementation 91/321/CE. Leur utilisation en alimentation infantile est déconseillée et dangereuse, à risque de carences en acides gras essentiels, en calcium et en vitamines.

LE SOJA
Le soja est la légumineuse la plus riche en protéines : 9,2 g/100 ml. Son aminogramme est différent du lait de mère, insuffisant en méthionine, L-carnitine, cystine et taurine. Il contient des phytates, qui diminuent la biodisponibilité du calcium, du fer, du zinc, du cuivre et du manganèse. Les préparations infantiles à base de soja (PIPS, il en existe plusieurs marques) doivent être distinguées des produits industriels à base de soja. Ces derniers sont obtenus à partir de jus de soja (tonyu) ou de broyage de graines additionnées d’eau puis centrifugées et filtrées. Ils ne sont pas adaptés aux besoins du nourrisson, car ils sont trop riches en protéines, pauvres en lipides et ont une teneur en acides gras essentiels, en calcium, fer, zinc et phytates non précisée.
Les PIPS sont enrichies en méthionine, carnitine, fer, calcium et zinc et ont un taux de protéines abaissé à 1,7- 1,9 g/100 ml. C’est la raison pour laquelle elles sont adaptées aux besoins nutritionnels du nourrisson et ont été recommandées par le Comité de nutrition de l’ESPGHAN en 1991 et 1996. Elles contiennent des phyto-oestrogènes (dont la plus connue est l’isoflavone) qui n’a jamais montré d’effets délétère sur la santé de l’homme, mais pour lesquelles le recul est insuffisant pour évaluer les répercussions éventuelles sur la fertilité. Ne sont recommandées que les préparations pour nourrisson à taux d’isoflavone abaissé.


Laurent SARTHOU, Pédiatre (d’après A. Elbez « Des « laits » qui n’en sont pas » Maisons-Alfort, et service de médecine néonatale, CHI, Créteil, Médecine et enfance février 2006.)

Merci Laurent

6 commentaires:

Valérie a dit…

Merci Laurent pour ces précisions. Tout cela est pour moi une telle évidence que je n'en ai effectivement pas parlé !

Je trouve simplement que le lait d'amande est intéressant pour un enfant (et non un bébé bien entendu !) en complément d'une alimentation variée et équilibrée, cela pour son apport en calcium notamment.

Et quel bonheur, quelle fierté quand je vois mon petit Gabin de 4 mois qui a déjà pris 3 kilos 500 et 15 cm rien qu'avec le bon lait de sa maman !!!!

(Quant au soja, je tâcherais de faire bientôt un post sur le sujet pour vous dénombrer tous ses méfaits !)

Anonyme a dit…

Mais que oui, le lait de maman est le MEILLEUR pour les petits.
Bravo Valérie, ton petit Gabin est si beau et avoir une maman comme toi, est un cadeau pour lui !
Très belle photo de cette femme africaine !!! Suis touchée.
Merci.

Anonyme a dit…

Quelle photo magnifique : couleurs, plénitude, béatitude de ces nourrissons, êtres non "divisés" puisque le lait n'est pas pour le nourrisson une substance différenciée de lui.
Document solide sur ces substituts au lait de vache encore mal connus.
La nutrition est pourtant une affaire sérieuse et complexe. Merci pour ce document fort éclairant.
Madeleine

Anonyme a dit…

Oui, je lait bu comme du p'tit lait, ce topo bien fichu, convaincant, merci pour l'info!

Anonyme a dit…

Mon rêve, boire au S(a)ein(t) de la matrice éternelle.
J-P laito-petto

Anonyme a dit…

Tout est une question d'équilibre!
J'ai allaité ma grande 30 mois, jusqu'à son sevrage naturel en fait et la deuxième tète depuis 13 mois. Elles se sont diversifiées entre 6 et 8 mois d'elles-mêmes et leur seul apport lacté était et est resté le lait maternel.
Les laits végétaux seuls ne sont pas assez nourrissants mais on peut les compléter efficacement en s'informant et permettre l'alternance avec le lait de vache même hydrolysé même transformé qui n'est pas la panacée non plus!!
Les pratiques extrêmes et désinformées sont des dangers mais les laits végétaux ont de bons apports bien utilisés...
Meirine