lundi 1 décembre 2008

Beau





C’était une idée de Karl.
Le dernier soir dans le désert, nous avons demandé à Entayent, notre guide, de nous parler des grandes caravanes qui partaient de l’Atakor, la région centrale du Hoggar, vers le nord-est, dans les plaines de l’Amadror récolter de grandes plaques de sel, puis prenaient du natron dans le volcan éteint, Ouksem. Elles descendaient ensuite au Niger troquer le sel contre du mil puis parfois lorsqu’il y avait un excédent de mil, elles remontaient jusqu’à In Salah à 600Km au nord-ouest échanger le mil contre des dattes. Les dernières caravanes ont eu lieu dans les années 60. Elles ont été remplacées ensuite par la trans-saharienne et les camions. Entayent a participé deux fois à cette grande aventure qui emmenait quelques dizaines d’humains et de chameaux sur les pistes escarpées du nord et dans la fournaise du sud pendant plusieurs mois. Il en a parlé sobrement, comme le font les Touaregs, se souvenant avec plaisir d’anecdotes, de moments difficiles ou cocasses.
À la fin de la soirée, Karl lui a demandé :
- Nous, nous découvrons le désert, ses paysages fabuleux et nous nous émerveillons. Vous, vous voyez ça tous les jours. Vous vous habituez, ou vous trouvez ça toujours aussi beau ?
Il y a eu un silence.
- Toujours aussi beau.
C’est bien ce que dit son visage qui contemple le coucher de soleil du haut de l’Assekrem.






Merci à Carole et Bruno pour les photos...



4 commentaires:

Anonyme a dit…

quel regard, quelle présence.
Et quelle capacité d'emmerveillement...
" Oui, toujours aussi beau..."
La leçon est
" je trouve chaque instant, chaque lieu que je traverse...toujours aussi beau..."
Elle est merveilleuse la vie, Alain.

Acouphene a dit…

Toute une vie à laisser une empreinte de sable...

Anonyme a dit…

Le miracle d'Entayent, c'est qu'il fait à chaque instant du neuf et du beau avec du "vieux".
Regard épuré, pas léger : jamais je ne l'oublierai.
Merci Corinne !
Isabelle

Anonyme a dit…

Beaucoup de nostalgie quand je revis ce moment magique !
Merci Corinne et merci Entayent
Karl