mardi 30 décembre 2008

6 milliards d'Autres

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Le photographe Yann Arthus Bertrand a envoyé six reporters dans soixante-quinze pays pour dresser
5000 portraits d'habitants du monde, connaître leurs rêves, leurs peurs, leurs vies. Le résultat est à découvrir dans une grande exposition qui se tiendra en janvier au Grand Palais, à Paris. Une expo pour “mieux comprendre les autres”.



Outre la station verticale, une masse plus importante du cerveau, un langage articulé et une intelligence développée, l'être humain se différencie des autres grands singes par sa capacité extraordinaire à se méfier de ses six milliards de salauds de congénères. Une fois que l'on a admis cet axiome peu scientifique mais que l'on peut vérifier en s'invitant chez son voisin le soir de Noël, que fait-on ? Pendant quinze ans, le photographe Yann Arthus-Bertrand a choisi d'aimer les hélicoptères, qui lui ont offert l'occasion de vérifier si vu d'en haut le monde était plus beau. Il en est revenu avec trois cents paysages pelliculés, un best-seller, une notoriété et une certitude : la planète coule, il faut écoper. Au fond de sa gibecière gisait sans doute aussi une frustration de pilote d'hélico qu'il n'était pas le seul à ressentir : ses posters étaient beaux mais désincarnés. Il y manquait de la chair, de la sueur, des rides, des tronches : des hommes. Et leur parole qui, mauvaise fille, ne se laisse pas prendre en photo.

L'imposante exposition « 6 milliards d'Autres », qui se tiendra au Grand Palais début 2009, vient creuser des artères et faire gicler du sang dans le boulot du photographe, qui entre-temps a su devenir une marque (la liste des sponsors de l'expo est aussi longue que le bras d'un orang-outang). Réalisé par Sibylle d'Orgeval et Baptiste Rouget-Luchaire sous le patronage d'Arthus-Bertrand, le projet présente une trentaine de documentaires d'une demi-heure, classés par thèmes (rêves, peurs, bon­heurs, famille...). Dans chaque film, des anecdotes, des réflexions, des émotions. Pendant quatre ans, six reporters ont sillonné soixante-quinze pays à la recherche de témoignages de quidams : « Aujour­d'hui 20 % de l'humanité consomme 80 % des ressources de la planète, ­explique Yann Arthus-Bertrand. Il faudra bien apprendre à partager avec l'autre, donc à l'aimer. Cette exposition sert à ça. A mieux comprendre les autres. A rapprocher les gens. C'est sans doute naïf. » C'est plus que naïf, c'est téméraire. Les fougueux journalistes sont partis à l'assaut du monde équipés d'un questionnaire type en espérant sonder les existences jusqu'au tréfonds de leur trognon : « Etes-vous heureux ? Que ­représente la famille pour vous ? Qu'avez-vous envie de transmettre à vos enfants ? Qu'est-ce qui vous met le plus en colère ? Qu'est-ce que l'amour pour vous ? Quel est le sens de la vie ? » Plus trente-trois autres questions du même acabit, de nature à justifier en retour quelques coups de boule légitimes. Que croyez-vous qu'il arriva ? Les reporters sont revenus indemnes, avec pas moins de cinq mille témoignages dans les poches, du réfugié tchadien au trader anglais, en passant par le paysan malgache ou votre voisine de palier. « Ce n'était pas une démarche de sociologue ni de journaliste, explique Sibylle d'Orgeval. On recherchait des récits, des expériences de vie. On ressort de là avec une forme de tendresse pour le genre humain. »


Nicolas Delesalle Télérama n° 3075 signalé par mister K.
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5 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiens Telerama est capable de faire un article correct, sans vacherie ...
Assez rare pour être noté.

Parmi ces milliards de personnes, un
bel entretien hier avec la doyenne de Moncontour - petite ville de Bretagne - sur France Culture...

gjm

akidbelle a dit…

Ca me rapelle Dutronc!
et moi, et moi, et moi...
Bon, ok, je blague (:-
A+
Jacques

Anonyme a dit…

Tiens, est-ce que je connais un peu les "salauds de congénères" qui habite le m^me pallier.
Je vais me renseigner...
J-P congénèro-petto

Valérie a dit…

Quelle idée géniale !

Unknown a dit…

Quelle est l'opinion de Nicolas Delesalle sur l'exposition 6 milliard d'autres ? Quel ton utilise-t-il ?